IMMIGRATION : L’AFRIQUE PERD EN OPPORTUNITES ECONOMIQUES ET DE DEVELOPPEMENT »

704 000 visas Schengen refusés en 2023, l’Afrique a perdu près de 60,5 millions de dollars.

Pris dans l’étau de la mal gouvernance, donc l’impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, est l’incertitude, Marc, 30 ans, aspire à vivre dans un environnement où la gouvernance est plus transparente, où les droits de l’homme sont respectés et où les opportunités de développement sont plus accessibles à tous. Cette aspiration légitime le pousse à entreprendre un dossier de voyage pour un pays européen. Mais, malgré ses espoirs et ses efforts pour l’obtention de précieux sésame qu’est le visa d’entrée, il se heurte à l’amère déception d’un refus par les autorités ressources du pays sollicité. Comme Marc, de nombreux autres jeunes africains sont confrontés au quotidien à  ce refus. Selon l’Agence Ecofin, agence d’information économique africaine, en 2023, 704 000 demandes de visas Schengen ont été rejetées. Ces rejets en masse représentaient près de 60,5 millions de dollars, soit 56,3 millions d’euros. D’après, le site https://www.exchange-rates.org, la moyenne du taux de change entre le dollar et le franc CFA, cette année-là,  était de 606,32 XOF pour un dollar. Une rapide conversion de 60,5 millions de dollars en francs CFA  fait environ 36,727 milliards de francs CFA. 

Et si cet argent était dépensé en Afrique ?

Si cet argent était dépensé en Afrique, il pourrait servir au soutien des petites et moyennes entreprises par exemple, ce qui permettrait de générer des opportunités d’emploi pour les jeunes et de réduire le chômage. Cet argent pourrait aussi, servir à la construction des ponts comme celui sur le  fleuve Nyong en à MALOMBO par MAKAK,  dans le Nyong et Kelle au Cameroun, fleuve  qui aura engloutie une multitude de mains valides au fil des ans et des routes dans l’arrière-pays,  afin d’améliorer les connectivités régionales et faciliter les échanges commerciaux entre les producteurs qui voient souvent leur production se détériorer au bord du champ et les  acheteurs, ou la construction des unités de transformation, afin de réduire les pertes auxquelles font face les producteurs. Cet argent pourrait également servir au développement  des programmes axés sur les compétences nécessaires sur le marché du travail, il faut noter qu’une bonne partie des programmes enseignés aujourd’hui sont désuets. Les plateaux  techniques dans nos hôpitaux pourraient être renforcés, ce qui contribuerait à réduire la dépendance aux soins médicaux à l’étranger par nos officiels  et à améliorer la santé de la population.

La nécessité d’un changement profond

Pour empêcher la perte d’importantes sommes d’argent liés à la demande de visas d’immigration par les Africains, les gouvernements doivent efficacement lutter contre toutes les  formes de corruption, informatiser toutes les administrations publiques, faire une promotion accrue  sur l’éthique, renforcer les institutions démocratiques et de garantir les droits fondamentaux des citoyens, car ce n’est qu’en instaurant une gouvernance responsable et en créant des opportunités de développement durable que les aspirations des jeunes pourront être pleinement réalisées.

Lutte contre toutes les formes de corruption.

La corruption, met à mal le développement économique, accroit les inégalités, affaiblit les institutions gouvernementales, nuit à la justice et aux droits fondamentaux des individus, détruit la confiance des peuples vis-à-vis des gouvernements. La lutte acharnée contre toutes ses formes est primordiale. Il en existe quatre,  à savoir : La Prévarication, cet abus de  pouvoir ou de l’autorité des fonctionnaires pour obtenir des avantages personnels ou financiers, le détournement de fonds publics, l’attribution illégale de contrats, l’octroi de faveurs non méritées et non Justifiées. L’Extorsion ou l’utilisation de la menace, la pression, le chantage,  La corruption  par une personne pour obtenir des pots-de-vin  d’une autre tierce. La concussion qui est l’acceptation par un fonctionnaire des récompenses en échange de faveurs ou d’un traitement préférentiel. L’escroquerie ou la tromperie, la fraude dans le but de gagner de l’argent illégitimement, par  falsification de documents, la manipulation de comptes, l’abus de confiance.

L’informatisation du service public.

Rendus à l’ère des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC),  les pays africains encore à la traîne, doivent s’arrimer aux standards mondiaux. Il est question d’informatiser tous les services publics grâce l’adoption de systèmes informatiques, des logiciels et des applications. Cette informatisation permettra l’amélioration de l’efficacité administrative par la réduction des délais de traitement et des erreurs dans les processus comme la gestion des paiements. L’accès aux services publics devient facile pour les citoyens grâce aux plateformes mises en ligne pour permettre aux citoyens de soumettre des demandes, de remplir des formulaires, de payer des factures et d’interagir avec les organismes gouvernementaux de manière plus pratique et efficace. Cela réduit les tracasseries administratives. Et aussi, l’informatisation favorise la transparence dans la fourniture des services publics. Les citoyens peuvent suivre l’état de leurs demandes, obtenir des informations sur les politiques publiques et surveiller les performances des services sollicités.

Au Cameroun, le gouvernement a mis sur pied de véritables institutions de lutte contre la corruption telles que :

  • La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) : organisme central de lutte contre la corruption, par la prévention, la détection, et la répression actes de corruption à travers des enquêtes, la collecte des informations et la sensibilisation du public tout en collaborant avec d’autres institutions.
  • La Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE) : qui enquête sur les crimes économiques et financiers, les cas de corruption, et fournit des informations et des preuves aux autorités compétentes pour  des poursuites.
  • Le Tribunal Criminel Spécial (TCS) : juridiction spéciale chargée de juger les infractions économiques, financières et les affaires de corruption.
  • L’Inspection Générale d’État (IGE) : organe de contrôle interne de l’administration publique au Cameroun. Elle est chargée d’effectuer des audits et des enquêtes pour détecter les pratiques de corruption, les abus de pouvoir et les irrégularités dans la gestion des ressources publiques.
  • L’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF) : responsable de la collecte, de l’analyse et du traitement des informations financières liées à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Mais, malheureusement, les actes de corruption résistent à toutes ces instituions, malgré les lourdes peines de prison prévues par la loi. Les gouvernements  africains doivent explorer d’autres voies comme : 

  1. La promotion de l’éthique
  2. Le renforcement des institutions démocratiques
  3. La garantie les droits fondamentaux des citoyens

En somme, la lutte contre la mal gouvernance est cruciale pour favoriser le développement  durable et réduire considérablement le départ des jeunes vers de nouvelles terres d’opportunités, et par là même, des pertes considérables d’argent dans la documentation de voyage. Cet effort continu nécessite l’engagement de tous les acteurs de la société.

UAMG-YEMBEL Marcelle Emilie.