Stop au plastique : Genève, dos au mur.

Alors que s’ouvrent à Genève des négociations cruciales pour un traité mondial contre la pollution plastique, une question essentielle reste en suspens : le monde est-il prêt à s’attaquer à la production elle-même, ou continuera-t-on de privilégier des solutions de façade ?

À Genève, les négociations s’ouvrent ce 5 août entre 180 pays. L’objectif étant de  jeter les bases d’un traité mondial contre la pollution plastique. Mais derrière les discours et les bonnes intentions, une question fondamentale reste en suspens : sommes-nous réellement prêts à produire moins de plastique, ou va-t-on encore gagner du temps ?

Le vrai problème : la production

Officiellement, le sommet porte sur la lutte contre la pollution plastique. En réalité, il aborde une question bien plus délicate : sommes-nous capables de réduire la production à la source ? C’est là que les tensions apparaissent.

Depuis des années, le recyclage est présenté comme la solution miracle. Tri, innovation, sensibilisation : chacun est appelé à faire sa part. Mais les chiffres de l’ONU sont sans appel : seulement 9 % du plastique mondial est effectivement recyclé. Le reste s’accumule ou finit dans la nature.

 Le problème est donc en amont : nous produisons trop de plastique. Beaucoup trop. 

Chaque année, plus de 400 millions de tonnes sortent des usines, un chiffre en constante augmentation. Et une part croissante est conçue pour un usage unique.

Le plastique à usage unique est devenu la norme : jetable, pratique, bon marché. Mais cette efficacité apparente cache une impasse écologique. Le recyclage ne peut pas suivre le rythme. Et il ne le pourra jamais, tant que la production continue d’augmenter.

Une dépendance aux énergies fossiles

Ce que peu de gens disent clairement, c’est que le plastique est un dérivé du pétrole. Dans un monde où la demande de carburants commence à ralentir, certains pays producteurs misent désormais sur les plastiques pour maintenir leurs revenus.

C’est là que les négociations se bloquent. Certains États refusent catégoriquement qu’on touche à la production. Ils sont prêts à discuter recyclage ou gestion des déchets. Mais fixer des plafonds de production ? Inacceptable. Le recyclage est toléré. La réduction, non.

Un traité, oui. Mais pas à n’importe quel prix

Personne ne doute qu’un accord émergera de Genève. La vraie question est : quel type d’accord ?

Un texte vague, sans engagements contraignants, axé uniquement sur la gestion des déchets ? Ce serait un signal négatif : reconnaître le problème tout en évitant les solutions de fond.

À l’inverse, un traité ambitieux, avec des objectifs chiffrés, des interdictions ciblées et des mécanismes de contrôle clairs, marquerait un tournant. Mais cela suppose de s’attaquer à des intérêts économiques puissants.

La pression s’accentue 

Les dernières négociations, à Bussan en 2024, se sont soldées par un échec. Depuis, les positions n’ont guère évolué. Mais cette fois, la pression extérieure est plus forte : les ONG sont mobilisées, les scientifiques alertent, et l’opinion publique est mieux informée.

À Genève, les diplomates ont un choix à faire : défendre l’ordre établi ou oser faire bouger les lignes 

Le problème du plastique ne se résoudra pas avec des slogans. Il faut s’attaquer à la source. Et cela exige des décisions courageuses.

UAMG-Fradela