Majesté Etienne NEMB

Chef traditionnel, journaliste et promoteur médias, fondateur du Likoda li Bagweene New Bell Bassa.

Comment voulez-vous que je vous appelle, frère Etienne ou Majeste Etienne Nemb?

Je ne m’attache pas trop aux titres, je suis un être libre qui va avec tout ce qui arrange mon interlocuteur d’en face. Puisque vous souhaitez parler du Likoda li Bagweene New Bell Bassa, je préfère être appelé  le Nkena qui est une appellation très usitée dans mon village New Bell et qui  veut simplement  dire le guide, le chef.

 Nous sommes à plus d’un mois que s’était tenu  à New Bell au Cameroun, le premier festival historique des natifs de New Bell Bassa. Quel est votre sentiment après cette première édition?

Merci de me donner cette opportunité de m’exprimer sur cette première édition qui est rentrée en gare au 12 février 2024. Je dirai sans hésitation que ce fut une merveilleuse expérience que j’ai envie de vite recommencer. En somme, je dirais que c’est un sentiment mitigé qui m’anime. D’abord la satisfaction d’avoir atteint mon objectif, celui de regrouper autant de monde possible  de plusieurs horizons, de vivre la chaleur d’antan, de partager le bout de pain et le verre d’eau synonyme d’une réelle fratrie. Et éventuellement  discuter sur  les projets de développement. Le revers de mon sentiment est celui d’un homme qui s’est vu poignardé par les siens en guise de remerciements. Tout ceci, pour des intérêts vaseux et  égoïstes. Mais puisque le monde dans lequel nous vivons est ainsi fait, autant ranger  cette lâcheté  au registre des coups bats qui meublent notre monde actuel ancré dans l’hypocrisie.

Si on s’en tient au feedback reçu des participants à ce festival, tous sont d’avis que la fête était très belle. Voulez-vous résumer avec nous  ses principales articulations?

La première édition des retrouvailles des natifs et natives de New Bell Bassa était calée sur six jours. Avec en filigrane d’importantes haltes. Nous citerons par exemple la lecture à haute voix organisée chez les tout petits du primaire des écoles  de New Bell Bassa: une formidable activité qui a permis à l’écrivain franco camerounais Gaston Kelman qui officiait ce  pan de notre agenda, de déceler de brillants talents du Cameroun de demain. On a été impressionné par  le concours de la plus belle de New bell Bassa, la plus attentionnée, la plus  attachée à la culture Bassa à travers l’élection de notre  Miss New Bell Bassa dont la palme est revenue au district de Babylone.

Dans le même registre des  compétitions, la finale de football et du  jeu du ludo. Toutes ces activités étaient enrichissantes, drainant par conséquent beaucoup de monde. Que dire de  la marche sportive qui est encore demandée aujourd’hui? Et cette sortie des garants de notre tradition, les ba mbombog qui continue à alimenter les commentaires dans les chaumières. Oui pour la première fois à New Bell Bassa, en mondovision, on a assisté à l’intronisation d’un chef traditionnel avec tout ce que cela comporte sous le prisme ritualistique.

Je suis heureux de vous dire que cette grâce m’ait été accordée. Ce qui me conforte davantage dans mon projet que certains arrivistes lorgnaient.

Majesté, vous voulez nous faire comprendre qu’il y a des gens qui envient  votre fauteuil ?

Je ne vous le fais pas dire monsieur Boum, C’est pour personne, un secret de polichinelle. Ceux qui ont grandi avec moi et qui semblent surpris de mon abnégation à l’image de mon projet, sont ceux qui se mordent les doigts. Je vous donne juste la quintessence des infos fondées  qui se chuchotent   chez les médiocres. Vous êtes sans ignorer que certaines personnes n’aiment pas voir d’autres émerger? S’il advienne que vous sortez la tête de l’eau, on cherche coûte que vaille à vous noyer. Le présent projet porte uniquement  mon estampille, il peut être imité, mais il ne sera jamais égalé. Je salue avec maestria cette descente inopinée des garants de notre tradition qui m’ont systématiquement mis dans le cœur de Dieu, et celui de Dieu dans le mien.

Il y a une information  selon laquelle, certains de vos districts se sont disloqués juste après votre départ aux Etats-Unis?  Si cette information est fondée, comment voyez-vous  l’avenir du Likoda li Bagweene New Bell Bassa?

 (Rire) Je crois qu’au début de cet entretien, je vous ai parlé d’un sentiment mitigé; évidemment c’est autant de choses de ce calibre qui font la véritable vie. On ne peut pas tous regarder dans la même direction. Un sage africain disait que, même le bon Dieu n’a  pas réussi à faire l’unanimité auprès de ses créatures. Trois sur six de mes six  districts ont connu une bourrasque, qui s’est rapidement estompée. Aujourd’hui, ils vont bien. Que j’ai des gens qui détruisent après moi, ça m’est égal. Je ne suis pas surpris par cette cabale des acariâtres. Voyez-vous les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils m’ont certes vu grandir, ne connaissent que dalle ce que je suis devenu aujourd’hui, dans quel moulin je me suis forgé. A plus de cinquante balaies, je ne suis plus le petit garçon qui tapait dans le ballon à la petite mission catholique. Ils vont beau tirer après moi, ils ne me verront pas, ils ne m’auront jamais: Ma peau est très amère (rire).

Qu’ils créent mille associations après notre festival, l’histoire ne sera pas falsifiée: Je reste à l’origine de leur pseudo réveil. Ils vont imiter, mais n’auront jamais cette baraka que j’ai et qui fait de moi cet être unique. Je suis un rassembleur de haut vol, pas la peine d’épiloguer dessus. Ce sont mes outils a moi…A cela, je rends grâce au Dieu de mon cœur. L’avenir du Likoda li Bagweene New Bell Bassa ne souffre de rien. La maxime dans ce cas d’espèce est claire: “Un de perdu, dix de retrouvés”.

Quelles leçons tirez-vous au sortir de cette première édition?

Je retiens sans trop cogiter que l’ennemi ne dort pas. Je retiens que ceux qui te tuent sont ceux avec qui tu manges, je retiens qu’il faut parler peu, qu’il ne faut pas répondre à certaines  folies. Le bassa et particulièrement celui qui se sent faible face à toi, va toujours s’interroger sur le comment tu fais pour réaliser ce qu’il ne peut pas faire. Lorsqu’il ne trouve rien pour parler, il va l’inventer pour te noircir. Et pour chuter,  je retiens que quoi qu’on fasse, si Dieu est avec toi, tout ce que les méchants disent n’aura aucun effet sur toi. La preuve, la première édition laisse une impression de satisfecit général. Par ailleurs, cette édition  a permis qu’on voit beaucoup de choses qu’on ne percevait pas, qu’on voit nos imperfections, nos erreurs, mais surtout qu’on sache nous positionner la prochaine fois. On va à coup sûr  faire  mieux l’année prochaine.

Parlant de l’année Prochaine 2025, comment se prépare -t-elle?

Les ébauches du rendez-vous de l’année 2025 sont bouclées. Tout est fin prêt pour  entamer les études de faisabilité. Nous attendons pour l’heure que les esprits se calment, qu’on fasse le nettoyage de nos fora et que l’esprit du travail soit mis en place pour annoncer les couleurs de la seconde édition. J’ai la chance que notre organisation regroupe tous les hauts cadres de New bell Bassa, des figures de proue qui ont toutes accepté comme leur chef, leur guide, et par humilité, d’être mes notables, mes conseillers. Et  qu’ensemble la renaissance du peuple Bassa se fasse sans heurt  au village, à New Bell Bassa. C’est une bénédiction…

 Permettez-moi Monsieur Boum, de présenter mes excuses les plus franches à tous les natifs de New Bell Bassa, les vrais qui veulent que les choses avancent, pour le retard accusé dans la délivrance du rapport général qui est attendu depuis quelques semaines. Voyez-vous, ce n’est pas aussi aisé de résumer en un laps de temps, tout ce qu’on a préparé en sept mois. Un rapport de cette espèce fait rentrer en compte, plusieurs types d’analyses qui méritent une certaine pré harmonisation avant la publication. De même, nos textes que d’aucuns ont mis en cause sans les avoir lus; depuis deux semaines  ils  passent  sous le crible des débats. Ils seront bientôt  actualisés   pour satisfaire nos egos. Je salue en passant la coordination des affaires courantes et les notables pour le travail titanesque qu’ils abattent. Paris que plusieurs vantent n’a pas été construit en un jour. Jusqu’à présent pour ceux qui ont la chance de connaître Paris, ils savent bien que les travaux continuent sur ses différentes artères.

Pour sortir Majesté, quel message envoyez-vous aux natifs de New Bell  Bassa?

Je vais tout de go dire à ceux qui ne me connaissent pas que je ne suis pas timide. Je m’oblige simplement à ne pas verser dans les histoires de caniveau qui ont pignon sur rue à New Bell Bassa.   Depuis que le projet Likoda est arrivé à New Bell, on m’a tout dit, on m’a insulté, on m’a accusé de vol, on m’a rabroué de la pire des manières. A aucun moment, je n’ai répondu aux aboiements des chiens. J’ai une image que je ne vais pas écorner pour des choses creuses. Ma valeur intrinsèque est tout ce que je garde quand je traverse la porte de mon intimité pour aller là dehors. Je n’ai pas le temps pour  répondre aux inepties que j’entends chaque jour venant de New Bell. J’ai un Dieu que je sers, il m’aime et donc pas la peine que je tremble. N’étant pas éternel, lorsque mon jour arrivera, je m’en irai sans regret. A Ceux-là qui me lancent les pierres aujourd’hui, je leur souhaite simplement bon vent. La vie comme disait un sage bantou, est comme un train voyageur. A chaque gare, certaines personnes descendent. Ceux qui sont restés dans le train vont poursuivre le voyage avec moi. Quant à ceux qui sont descendus. Je leur souhaite mes meilleurs vœux car au finish, c’est New Bell qui se dote de plusieurs organisations qui prônent toutes le meilleur lendemain.

A ceux qui croient en moi et qui m’aiment, je voudrais qu’ils soient ici rassurés que je les aime beaucoup et je suis prêt à faire avec eux pour le développement de notre village. Je ne le ferai pas seul, c’est en formant cette synergie actuelle  que nous atteindrons nos objectifs. Ce projet a sa force à partir de la base, le district. Tous les projets qui sont conçus au district seront remontés à la coordination des affaires courantes pour qu’ensemble, on cherche le financement. Voilà autant de choses qui m’amènent à rencontrer déjà en juillet en France la diaspora européenne de notre village. J’y serais pendant 10 jours. Puis après j’irai au Cameroun, puis je terminerai aux Etats-Unis avec ceux qui ont accepté mon projet au lendemain du festival, puisque certains ont laissé tomber leurs masques (rire). J’ai tout un plan et les outils de mon plan me sont propres. Il faut lire mon livre pour mieux me comprendre.

Majesté, Nous y reviendrons la prochaine fois sur votre récente publication ” Des outils de ma fondation, au concept likoda” parue aux éditions St Paul. Tout en vous remerciant de nous accorder cette première interview après votre festival.

Propos recueillis par : Adelaide Mvondo Abeng & Samuel Boum-UAMG/Yde